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matie des Amali, et la cour de Byzance signa un traité honteux et oppressif[1]. Le sénat avait déjà reconnu qu’il fallait se faire un parti parmi les Goths, puisque l’empire ne pouvait soutenir leurs forces réunies. Ils exigeaient, pour fournir la moins considérable de leurs armées, un subside de mille livres d’or et la solde de treize mille hommes[2] ; et les Isauriens, qui gardaient non pas l’empire, mais l’empereur, reçurent, outre le droit d’un pillage illimité, une pension annuelle de cinq mille livres d’or. L’habile Théodoric s’aperçut bientôt qu’il était odieux aux Romains et suspect aux Barbares. On disait de tous côtés que ses sujets se trouvaient en proie à des maux sans nombre dans leurs cabanes glacées, tandis que leur roi s’amollissait par le luxe de la Grèce. Il voulut échapper à la cruelle alternative d’attaquer les Goths au nom de l’empereur, ou de les mener au combat en qualité d’ennemis de Zénon. Il forma un projet digne de son courage et de son ambition ; et il dit à l’empereur : « Bien que, grâce à votre générosité, votre serviteur se trouve dans l’abondance, écoutez cependant d’une oreille favorable les vœux de mon cœur. L’Italie, l’héritage de vos prédécesseurs, et Rome elle-même, la capitale et la maîtresse du monde, sont aujourd’hui déchirées de troubles par les violences et la tyrannie du mercenaire Odoacre.

  1. Voyez Malchus, p. 91 ; et Evagrius, l. III, c. 35.
  2. Malchus, page 85. Dans une seule action, qui fut décidée par l’habileté de Sabinien, Théodoric perdit cinq mille hommes.