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lent Harmatius, qui, au milieu de toutes les mollesses de l’Asie, affectait de prendre l’habillement, le maintien et le surnom d’Achille[1]. Les mécontens conspirèrent pour rappeler Zénon de l’exil ; ils lui livrèrent les armées, la capitale et la personne de Basiliscus, dont la famille entière fut condamnée aux longues douleurs de la faim et du froid par un vainqueur inhumain, qui n’avait pas le courage de combattre ses ennemis, ni de leur pardonner. L’orgueilleuse Verina, incapable de se soumettre ou de vivre en repos, fit agir les ennemis d’un général alors en faveur, embrassa sa cause dès qu’il fut disgracié, créa un nouvel empereur en Syrie et en Égypte, leva une armée de soixante-dix mille hommes, et soutint jusqu’au dernier moment de sa vie une rébellion infructueuse, qui, suivant l’usage du temps, avait été prédite par des ermites chrétiens et des magiciens du paganisme. Tandis que ses intrigues bouleversaient l’Orient, on admirait dans sa fille Ariane la douceur, la fidélité et toutes les vertus qui appartiennent aux femmes : elle suivit son mari en exil, et après son rétablissement, elle implora sa clémence en faveur de sa mère. À la mort de Zénon, Ariane, fille, mère et veuve d’un empereur, donna sa main et l’empire à Anastase,[D’Anastase. A. D. 491-518. Avril 11. Juillet 8.] vieux domestique du palais, qui demeura plus de vingt-sept ans sur le trône, et dont le mérite est attesté par cette acclamation du peuple : « Régnez comme vous avez vécu[2]. »

  1. Suidas, t. I, p. 332, 333, édit. Kuster.
  2. Les histoires de Malchus et de Candidus, deux con-