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romain à la translation du siége de l’empire ; mais j’ai déjà démontré dans cette Histoire que la puissance du gouvernement fut divisée plutôt que transférée. Tandis que les empereurs de Constantinople régnaient en Orient, l’Occident eut une suite de souverains qui faisaient leur résidence en Italie, et partageaient également les provinces et les légions. Cette dangereuse innovation diminua les forces et augmenta les vices d’un double règne ; les instrumens d’un système arbitraire et tyrannique se multiplièrent, et une vaine émulation de luxe, et non de mérite, s’introduisit entre les successeurs dégénérés de Théodose. L’excès du péril, qui réunit un peuple vertueux et libre, envenime les factions d’une monarchie qui penche vers sa ruine. L’inimitié des favoris d’Honorius et d’Arcadius livra la république à ses ennemis, et la cour de Constantinople vit avec indifférence, peut-être même avec satisfaction, l’humiliation de Rome, les malheurs de l’Italie et la perte de l’Occident. Sous les règnes suivans, les deux empires renouvelèrent leur alliance ; mais les secours des Romains orientaux furent tardifs, suspects et inutiles ; et la différence de langage, de mœurs, d’intérêts, et même de religion, confirma le schisme national des Grecs et des Latins. L’événement justifia cependant, en quelque façon, le choix de Constantin. Durant une longue période de faiblesse, l’imprenable Byzance repoussa les armées victorieuses des Barbares, protégea les riches contrées de l’Asie, et défendit avec succès, en temps de paix comme en