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religion confirmaient la fidélité réciproque des citoyens, et leur dévouement à la patrie. La république avait également pour principe le sentiment de l’honneur et celui de la vertu. Les citoyens brûlaient du désir de mériter les honneurs d’un triomphe, et l’ardeur de la jeunesse romaine se convertissait en une noble émulation à la vue des portraits de ses ancêtres[1]. Les débats modérés des patriciens et des plébéiens avaient enfin établi dans la constitution une balance égale, qui réunissait la liberté des assemblées du peuple, la sage autorité d’un sénat, et la puissance exécutrice d’un magistrat suprême. Lorsque le consul déployait l’étendard de la république, chaque citoyen contractait par serment l’obligation de combattre pour sa patrie, jusqu’à ce qu’il eût accompli ses devoirs envers elle par un service militaire de dix années. Cette sage institution amenait continuellement sous les drapeaux les générations naissantes des citoyens et des soldats ; et leur nombre s’augmentait insensiblement des forces guerrières de toutes les nations de la populeuse Italie, qui, après une résistance courageuse, cédant à la valeur des Romains, embrassaient leur alliance. Le sage historien qui enflamma le courage du dernier des Scipions, et qui contempla les ruines de Carthage[2], a décrit

  1. Salluste (de bell. Jugurth.) prétend avoir entendu ces généreux sentimens exprimés par P. Scipion et Q. Maximus, morts plusieurs années avant sa naissance. Il avait lu et probablement copié Polybe, leur contemporain et leur ami.
  2. Tandis que les flammes réduisaient Carthage en cen-