Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la sœur de Théodebert, roi des Francs[1]. La princesse des Angles, au lieu de déplorer son injure, résolut de la venger. Ses sujets, quoique belliqueux, ne connaissaient point, dit-on, la manière de combattre à cheval, et n’avaient même aucune idée d’un pareil animal ; elle embarqua une armée de cent mille hommes sur une flotte de quatre cents vaisseaux, partit hardiment de la Bretagne, et prit terre vers l’embouchure du Rhin. Radiger, après la perte d’une bataille et de sa liberté, implora la clémence de sa victorieuse épouse, qui lui pardonna généreusement, renvoya sa rivale, et fit remplir fidèlement au roi vaincu les conventions et les devoirs du mariage[2]. Il paraît que ce brillant exploit fut la dernière entre-

  1. Théodebert, roi d’Austrasie, et petit-fils de Clovis, était le prince le plus puissant et le guerrier le plus redouté de son siècle ; et l’on peut placer cette aventure remarquable entre les années 534 et 547, époques du commencement et de la fin de son règne. Sa sœur Theudechilde se retira dans la ville de Sens, où elle fonda des monastères et distribua des aumônes. Voyez les Notes des éditeurs bénédictins, t. II, p. 216. Si nous en croyons les éloges de Fortunatus (l. VI, carm. 5, t. II, p. 507), Radiger perdit la plus estimable des femmes.
  2. Elle était peut-être sœur d’un des princes ou chefs des Angles, qui descendirent en 527 et dans les années suivantes, entre l’Humber et la Tamise, et qui fondèrent peu à peu les royaumes de Mercie et d’Estanglie. Les écrivains anglais paraissent ignorer leurs noms et leur existence ; mais Procope peut avoir suggéré à M. Rowe le caractère et la situation de Rodogune dans la tragédie du Royal converti.