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chemin d’Ostie. Son armée, enrichie des contributions de la capitale, s’avança lentement dans la belle et fertile province de Toscane, où il se proposait de prendre ses quartiers d’hiver. Quarante mille esclaves barbares, échappés de leurs chaînes, se réfugièrent sous ses drapeaux, et aspirèrent à se venger, sous la conduite de leur libérateur, des souffrances et de la honte de leur servitude. Il reçut en même temps un renfort plus honorable de Goths et de Huns, qu’Adolphe[1], frère de sa femme, lui amenait, d’après ses pressantes invitations, des bords du Danube sur ceux du Tibre, et qui s’étaient fait un passage, avec quelque perte et quelque difficulté, à travers les troupes de l’empire, supérieures en nombre. Un chef victorieux, qui joignait à l’audace d’un barbare l’art et la discipline d’un général romain, se trouvait alors à la tête de cent mille combattans, et l’Italie ne prononçait qu’avec terreur et respect le formidable nom d’Alaric[2].

Négociat. de paix inutile. A. D. 409.

Dans un éloignement de quatorze siècles, nous devons nous contenter de raconter les exploits

  1. Ce chef des Goths est nommé par Jornandès et par Isidore, Athaulphe ; par Zosime et Orose, Ataulphe ; et par Olympiodore, Adoulphe. Je me suis servi du nom célèbre d’Adolphe, autorisé ici par l’usage des Suédois, frères ou fils des anciens Goths.
  2. Le traité entre Alaric et les Romains, etc., est tiré de Zosime, l. V, p. 354, 355, 358, 359, 362, 363. Ce que nous savons des circonstances qui l’accompagnèrent n’est pas assez considérable et assez intéressant pour exiger d’autre citation.