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néral était de se couper ou raser les cheveux et de couvrir leur tête d’un capuchon pour se dérober la vue des objets profanes. Ils allaient les pieds et les jambes nus, excepté dans les grands froids, et aidaient d’un bâton leur marche lente et mal assurée. L’aspect d’un anachorète était horrible et dégoûtant. Tout ce qui faisait éprouver aux hommes une sensation pénible ou désagréable passait pour plaire à Dieu. La règle angélique de Tabenne interdisait la coutume salutaire de se laver ou de s’oindre d’huile[1]. Les moines austères couchaient sur le plancher, sur un paillasson ou sur une couverture grossière, et une même botte de feuilles de palmiers leur servait de siège durant le jour et d’oreiller pour la nuit. Leurs premières cellules étaient des huttes basses et étroites, construites de matériaux peu solides et dont la distribution régulière formait des rues et un vaste village qui renfermait dans ses murailles une église, un hôpital et peut-être une bibliothèque, quelques communs, un jardin, et une fontaine ou un réservoir d’eau. Trente ou quarante moines composaient une famille qui vivait en communauté sous la discipline de sa règle particulière, et les grands monastères de l’Égypte renfermaient trente ou quarante familles.

Leur nourriture.

Plaisir et crime étaient synonymes en langage

  1. On accordait quelque indulgence pour les mains et les pieds. Totum autem corpus nemo unguet, nisi causâ infirmitatis ; nec lavabitur aquâ nudo corpore, nisi languor perspicuus sit. Regul. Pachom. XCII, part. I, p. 78.