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doutaient moins l’attaque des Barbares les plus féroces[1].

Leur habillement et leurs habitations.

Ce fut bien souvent la superstition qui inventa et consacra les vêtemens bizarres des moines[2] ; mais leur singularité apparente vient quelquefois de l’attachement à un modèle simple et primitif que les révolutions des modes ont rendu ridicule. Le fondateur des bénédictins rejette toute idée de préférence ou de mérite dans le choix de l’habillement ; il exhorte sagement ses disciples à adopter les vêtemens simples et grossiers du pays qu’ils habitent[3]. Les habits monastiques des premiers chrétiens variaient selon les climats et la manière de vivre ; ils se couvraient indifféremment de la peau de mouton des paysans de l’Égypte et du manteau des philosophes de la Grèce. Les moines se permettaient l’usage du linge en Égypte, où il était à bon marché et fait dans le pays ; mais dans l’Occident ils renonçaient à ce luxe étranger et dispendieux[4]. Leur usage gé-

  1. Le docteur Jortin (Remarq. sur l’Hist. ecclés., vol. IV, p. 161) cite la scandaleuse valeur des moines de Cappadoce, dont ils donnèrent un exemple à l’époque du bannissement de saint Jean Chrysostôme.
  2. Cassien a décrit simplement, quoique en grand détail, l’habillement des moines d’Égypte (Institut, l. I), auquel Sozomène (l. III, c. 14) attribue un sens allégorique et des vertus.
  3. Regul. Benedict. no 55, in Cod. regul., part. II, p. 51.
  4. Voyez la Règle de Ferréol, évêque d’Uzès, no 31, in Cod. regul., part. II, p. 136 ; et d’Isidore, évêque de Séville, no 13, in Cod. regul., part. II, p. 214.