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triotes. Oreste, dont nous avons déjà eu occasion de parler dans cette Histoire, n’avait jamais séparé sa cause de celle de son pays. La naissance et la fortune le plaçaient au nombre des habitans les plus distingués de la Pannonie. Lorsque les Romains cédèrent cette province aux Huns, il entra au service d’Attila, son souverain légitime, devint son secrétaire, et fut envoyé plusieurs fois en ambassade à Constantinople, où il représenta la personne et déclara les ordres de son impérieux monarque. La mort du conquérant lui rendit la liberté, et Oreste put honorablement refuser de suivre les fils d’Attila dans les déserts de la Scythie, et d’obéir aux Ostrogoths, qui avaient envahi la Pannonie. Il aima mieux servir les successeurs de Valentinien ; ses talens, sa valeur et son expérience lui frayèrent un chemin rapide dans la profession militaire, et il dut à la faveur de Nepos les dignités de patrice et de maître-général des armées. Elles étaient accoutumées depuis long-temps à respecter la personne et l’autorité d’Oreste, qui affectait leurs manières, parlait leur langue, et vivait depuis long-temps avec leurs chefs dans la plus intime familiarité. Ils prirent les armes, à sa sollicitation, contre Nepos, ce Grec inconnu qui prétendait à leur obéissance ; et lorsque le secrétaire d’Attila refusa, par quelque motif secret, de prendre lui-même la pourpre, [Son fils Augustule, dernier empereur d’Occident. A. D. 476.]les Barbares consentirent avec la même facilité à reconnaître son fils Augustule pour empereur de l’Occident. L’abdication de Nepos remplissait complètement les vues ambitieuses d’Oreste ;