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Discorde d’Anthemius et de Ricimer. A. D. 471.

De tels coupables n’étaient pas hors de l’atteinte, de la justice ; mais quels que fussent les crimes de Ricimer, ce puissant Barbare pouvait ou combattre ou traiter avec le souverain dont il avait daigné devenir le gendre. La discorde et le malheur troublèrent bientôt le règne heureux et paisible qu’Anthemius avait promis à l’empire d’Occident. Ricimer, incapable de supporter un supérieur, ou peut-être craignant pour sa propre sûreté, quitta Rome, et fixa sa résidence à Milan, dont la position avantageuse lui facilitait les moyens d’appeler ou de repousser les Barbares qui habitaient entre les Alpes et le Danube[1]. L’Italie se trouva insensiblement divisée en deux royaumes indépendans et jaloux ; et les nobles de la Ligurie, qui prévoyaient l’approche funeste d’une guerre civile, se jetèrent aux pieds du patrice en le conjurant d’avoir compassion de leur pays. « Je suis encore disposé, répondit Ricimer du ton d’une insolente modération, à vivre en bonne intelligence avec le Galatien[2] ; mais qui osera en-

    peut-être avec l’indignation d’un citoyen vertueux, et peut-être avec la haine secrète d’un ennemi personnel.

  1. Ricimer défit dans une bataille, sous le règne d’Anthemius, et tua de sa propre main Beorgor, roi des Alains. (Jornandès, c. 45, p. 678.) Sa sœur avait épousé le roi des Bourguignons, et il conserva toujours des liaisons avec la colonie des Suèves établis dans la Norique et la Pannonie.
  2. Galatam concitatum. Sirmond, dans ses notes sur Ennodius, applique cette expression à Anthemius lui-même. L’empereur était probablement né dans la Galatie, dont on accusait les habitans, les Gallo-Grecs, de réunir