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geux ; et le patrice Ricimer tâchait de tourner l’esprit inconstant des Barbares contre un prince qu’il estimait et haïssait également. Les vertus de Majorien ne purent le protéger contre la sédition qui éclata dans le camp, près de Tortone, au pied des Alpes. Il fut contraint d’abdiquer la pourpre ; [Mort de Majorien. A. D. 461. 7 août.]cinq jours après, on annonça que Majorien était mort d’une dyssenterie[1], et l’humble tombe qui couvrit les restes de ce grand homme, fut consacrée par la reconnaissance et par le respect de la postérité[2]. Le caractère de Majorien inspirait l’amour et le respect. La satire et la calomnie l’enflammaient d’indignation ; mais elles n’excitaient que son mépris lorsqu’il en était l’objet. Il encourageait cependant la liberté de la conversation, et dans les heures que l’empereur donnait à la société, il savait se livrer à son goût pour la plaisanterie, sans jamais déroger à la majesté de son rang[3].

  1. Procope, De bell. Vandal., l. I, c. 8, p. 194. Le témoignage d’Idatius paraît impartial. Majorianum de Galliis Romam redeuntem, et Romano Imperio, vel nomini, res necessarias ordinantem, Ricimer livore percitus, et invidorum consilio fultus, fraude interficit circumventum. Quelques-uns lisent Suevorum ; et je voudrais n’effacer ni l’un ni l’autre de ces mots, parce qu’ils font connaître les différens auteurs de la conspiration qui précipita Majorien du trône.
  2. Voyez les Épigrames d’Ennodius, no 135, inter Sirmondi opera, t. I, p. 1903. Elle est plate et obscure ; mais Ennodius fut fait évêque de Pavie cinquante ans après la mort de Majorien, et ses louanges méritent quelque confiance.
  3. Sidonius fait longuement le récit (l. I, ep. II, p. 25-31)