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trois mois après la mort de Valentinien et l’élévation de Maxime sur le trône impérial.

Caractère et règne de l’empereur Maxime. A. D. 455. 17 mars.

La vie privée du sénateur Pétrone Maxime[1] avait été souvent citée comme un exemple rare de la félicité humaine. Sa naissance était noble et illustre, puisqu’il descendait de la famille Anicienne ; il possédait une fortune immense en terres et en argent, et ajoutait à ces avantages l’instruction, les talens et les manières nobles qui ornent ou imitent les dons inestimables du génie et de la vertu. Il faisait avec grâce et générosité les honneurs de sa table et des plaisirs de son palais. Maxime ne paraissait en public qu’environné d’une foule de cliens[2], parmi lesquels il avait mérité peut-être de compter quelques amis sincères. Considéré du prince et du sénat, il avait été élevé trois fois au poste de préfet du prétoire d’Italie, deux fois au consulat, et enfin au rang de patrice. Ces emplois civils n’excluaient pas la jouissance du loisir et du repos ; tous ses momens étaient comptés et partagés avec un soin égal entre le plaisir et les affaires. Cette économie de temps annonce que

  1. Sidonius-Apollinaris composa la treizième épître de son second livre pour réfuter le paradoxe de son ami Serranus, qui manifestait pour le dernier empereur un enthousiasme aussi généreux que singulier. Cette épître, qu’avec un peu d’indulgence on peut regarder comme un ouvrage agréable, jette beaucoup de jour sur le caractère de Maxime.
  2. Clientum, prævia, pedisequa, circumfusa populositas. C’est ainsi que Sidonius lui-même dépeint la suite qui environnait un autre sénateur de rang consulaire, l. I, ep. 9.