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C’est le secours envoyé de Dieu. L’objet éloigné sur lequel se fixaient tous les yeux, s’agrandissait à chaque instant, et devenait plus distinct. On aperçut enfin les étendards des Goths et des Romains, et un coup de vent ayant dissipé la poussière, offrit clairement à la vue les impatiens escadrons d’Ætius et de Théodoric, qui se hâtaient d’accourir au secours d’Orléans.

Alliance des Romains et des Visigoths.

La politique insidieuse d’Attila avait servi autant que la terreur de ses armes à le faire pénétrer sans obstacle dans le cœur de la Gaule. Il modifiait adroitement ses déclarations publiques par des assurances particulières ; il caressait ou menaçait tour à tour les Romains et les Goths ; et les cours de Ravenne et de Toulouse, se méfiant réciproquement l’une de l’autre, attendaient avec une indolente indifférence l’approche de l’ennemi commun. Ætius veillait seul à la sûreté de la république ; mais ses plus sages mesures étaient entravées par une faction qui dominait dans le palais depuis la mort de l’impératrice Placidie. La jeunesse de l’Italie tremblait au seul bruit de la trompette, et les Barbares qui penchaient pour Attila, par crainte ou par inclination, attendaient avec une fidélité douteuse et prête à se vendre, quel serait l’événement de la guerre. Le patrice passa les Alpes à la tête d’un corps de troupes qui méritait à peine le nom d’une armée[1] ; mais en arrivant à Arles ou

  1. … Vix liquerat Alpes
    Ætius, tenue, et rarum sine milite ducens