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Les Huns s’emparent de la Perse. A. D. 430-440.

Les ambassadeurs des Huns pouvaient réveiller l’attention de Théodose, en lui rappelant qu’ils étaient ses voisins en Europe et en Asie, qu’ils s’étendaient d’un côté jusqu’au Danube et de l’autre jusqu’au Tanaïs. Sous le règne de son père Arcadius, une bande audacieuse de Huns avait ravagé les provinces de l’Orient, d’où ils s’étaient retirés avec d’immenses dépouilles et une multitude de captifs[1] ; ils s’étaient avancés, par un chemin secret, le long des côtes de la mer Caspienne, avaient traversé les montagnes de l’Arménie en tout temps couvertes de neige, et passé le Tigre, l’Euphrate et le Halys ; ils avaient remonté leur cavalerie fatiguée d’excel-

    sujets ; et sa tragédie s’ouvre par ces deux vers ridicules :

    Ils ne sont pas venus nos deux rois ! qu’on leur die
    Qu’ils se font trop attendre, et qu’Attila s’ennuie.

    Les deux rois sont peints comme de profonds politiques et de tendres amans ; et toute la pièce ne présente que les défauts du poète sans en montrer le génie.

  1. … Alii per caspia claustra
    Armeniaque nives, inopino tramite ducti
    Invadunt Orientis opes : jam pascua fumant
    Cappadocum, volucrumque parens Argæus equorum.
    Jam rubet altus Halys, nec se défendit iniquo
    Monte Cilix ; Syriæ tractus vastantur amœni ;
    Assuetumque choris et lætâ plebe canorum,
    Proterit imbellem sonipes hostilis Orontem.

        Claud., in Rufin, l. II, 28-35.
    Voyez aussi Eutrope (l. I, 243-251) et la vigoureuse Description de saint Jérôme, qui écrivait d’après sa propre, manière de sentir (t. I, p. 26, ad Héliodor., p. 200 ; ad Océan) ; Philostorgius (l. IX, c. 8) parle de cette invasion.