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aigri que corrigé par la terreur des armes romaines. Ces Maures[1] errans hasardèrent peu à peu de s’approcher du bord de la mer et du camp des Vandales ; ils durent considérer avec surprise les armes, les vêtemens, l’air martial et la discipline de ces étrangers inconnus qui débarquaient sur leurs côtes. Le teint blanc et les yeux bleus des guerriers germains devaient, à la vérité, former un contraste bien frappant avec la couleur olivâtre ou noire que contractent les peuples habitant dans le voisinage de la zone torride. Lorsque les Vandales eurent vaincu les premières difficultés qui naissent de l’ignorance mutuelle d’un langage inconnu, les Maures, sans s’inquiéter de ce qui pourrait en résulter par la suite, embrassèrent l’alliance des ennemis de Rome ; une foule de sauvages nus sortirent de leurs forêts et des vallées du mont Atlas, pour rassasier leur vengeance sur les tyrans civilisés qui avaient injustement usurpé sur eux la souveraineté de leur terre natale.

Les donatistes.

La persécution des donatistes[2] ne favorisa pas

  1. Relativement aux mœurs des Maures, voyez Procope, De bell. Vandal., l. II, c. 6, p. 249 ; pour leur figure et leur couleur, M. de Buffon, Hist. nat., t. III, p. 430. Procope dit en général que les Maures s’étaient joints aux Vandales avant la mort de Valentinien (De bell. Vandal., l. I, c. 5, p. 190) ; et il est probable que les tribus indépendantes n’embrassèrent pas toutes un même système de politique.
  2. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. XIII, p. 516-558, et tout le cours de la persécution dans les monumens originaux publiés par Dupin à la fin d’Optat, p. 323-515.