Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en exerçant sur leurs sujets une autorité suprême et indépendante, sollicitaient, comme un honneur, le rang de maître général des armées de l’empire[1]. Telle était la vénération involontaire que le nom romain inspirait encore aux farouches guerriers qui avaient emporté en triomphe les dépouilles du Capitole.

Révolte de la Grande-Bretagne et de l’Armorique. A. D. 409.

Tandis que les Goths ravageaient l’Italie et que de faibles usurpateurs opprimaient successivement les provinces au-delà des Alpes, l’île de la Bretagne secouait le joug du gouvernement romain. On avait retiré peu à peu toutes les forces régulières qui gardaient cette province éloignée ; et la Bretagne se trouvait abandonnée sans défense aux pirates saxons et aux sauvages de l’Irlande et de la Calédonie. Les Bretons, réduits à cette extrémité, cessèrent de compter sur les secours tardifs et douteux d’une monarchie expirante. Ils prirent les armes, repoussèrent les Barbares, et se réjouirent d’avoir si heureusement éprouvé leurs propres forces[2]. Les mêmes calamités inspirèrent le même courage aux provinces de l’Armorique, qui comprenaient sous

  1. Cette importante vérité est établie par l’exactitude de Tillemont (Hist. des emper.) et la sincérité de l’abbé Dubos (Hist. de l’établissement de la Monarchie française dans les Gaules, t. I, p. 259).
  2. Zosime (l. VI, p. 376-383) raconte en peu de mots la révolte de la Bretagne et de l’Armorique. Nos antiquaires et le grand Camden lui-même ont été entraînés dans de grandes erreurs, faute d’une connaissance suffisante de l’histoire du continent.