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sait d’avoir menacé Honorius dans les jours de sa prospérité. Après lui avoir coupé deux doigts de la main, on le condamna à un exil perpétuel dans l’île de Lipari, où il reçut du gouvernement une honnête subsistance. Il n’y eut plus de révolte durant le reste du règne d’Honorius, et l’on peut observer que dans l’espace de cinq ans, sept usurpateurs avaient cédé à la fortune d’un prince également incapable d’agir et de commander.

Invasion de l’Espagne par les Suèves, les Alains et les Vandales. A. D. 409. Oct. 13.

La situation de l’Espagne, séparée de tous côtés des ennemis de Rome par des mers ou des montagnes et par des provinces intermédiaires, avait conservé long-temps sa tranquillité, et nous pouvons observer, comme une preuve de son bonheur intérieur, que, durant une période de quatre siècles, l’Espagne a fourni très-peu de matériaux à l’Histoire de l’Empire romain. Le retour de la paix effaça rapidement les traces des Barbares qui avaient franchi les Pyrénées sous le règne de Gallien ; et dans le quatrième siècle de l’ère chrétienne, on comptait les villes d’Emérila ou Mérida, de Cordoue, de Bracara et de Séville, au nombre des plus belles et des plus riches du monde romain. Des peuples industrieux entretenaient l’abondance des différentes races d’animaux, des végétaux et des minéraux. Les manufactures étaient en vigueur, et l’avantage particulier des productions nécessaires à la marine, contribuait à soutenir un commerce lucratif et très-étendu[1]. Les arts et les sciences florissaient sous

  1. Sans recourir à des auteurs plus anciens, je citerai