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qu’à l’Océan. Les malheureux habitans de la province se plaignaient avec raison que ces prétendus alliés leur enlevaient le peu qui était échappé à la cupidité des ennemis. Cependant on ne manquait pas de prétextes spécieux pour pallier ou même pour justifier les violences des Goths. Les villes de la Gaule qu’ils attaquaient pouvaient être considérées comme rebelles au gouvernement d’Honorius. Adolphe avait toujours pour excuse de ses usurpations apparentes les articles du traité ou les instructions secrètes de la cour impériale ; et on pouvait toujours imputer, avec une sorte de vérité, à l’indocilité inquiète et indisciplinable des Barbares, les actes d’hostilité irréguliers qui n’étaient point légitimés par le succès. Le luxe de l’Italie avait moins servi à adoucir la férocité des Goths qu’à amollir leur courage ; ils avaient adopté les vices des nations civilisées, sans en imiter les arts ou les institutions[1].

Mariage d’Adolphe avec la princesse Placidie. A. D. 414.

Les protestations d’Adolphe étaient probablement sincères, et l’ascendant qu’une princesse romaine prit sur le cœur et sur l’esprit du monarque des Goths, devint un garant de sa fidélité pour les intérêts de l’empire. Placidie[2], fille du grand Théodose et de

  1. La retraite des Goths hors de l’Italie, et leurs premières opérations dans la Gaule, sont obscures et douteuses. J’ai tiré beaucoup de secours de Mascou, Hist. des anciens Germains, l. VIII, c. 29, 35, 36, 37. Il a éclairci et lié les chroniques interrompues et les fragmens de ces temps-là.
  2. Voyez ce qui a rapport à Placidie dans Ducange,