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anéanti par leurs succès la puissance et presque jusqu’à la mémoire de leurs rivaux ; et après avoir maintenu durant plusieurs siècles la dignité d’un royaume indépendant, ils ont étendu par une union légale et volontaire, l’honorable dénomination d’Anglais. La main de la nature avait contribué à distinguer les Pictes des Écossais. Les premiers cultivaient les plaines, et les derniers habitaient les montagnes. On peut considérer la côte orientale de la Calédonie comme une vaste plaine unie et fertile, qui, sans de grands travaux, pouvait produire beaucoup de grains ; et l’épithète de cruitnich ou mangeur de grains, exprimait le mépris ou l’envie des montagnards carnassiers. La culture des terres avait pu introduire une séparation plus exacte des propriétés et l’habitude d’une vie sédentaire ; mais le brigandage et la guerre étaient toujours la passion dominante des Pictes, et les Romains distinguaient leurs guerriers, qui combattaient tout nus, par les couleurs saillantes et par les figures bizarres dont ils peignaient leurs corps. La partie occidentale de la Calédonie est hérissée de montagnes escarpées, peu susceptibles de payer le laboureur de ses peines, et

    pherson, Londres, 1768, in-4o ; et l’Introduction à l’Histoire de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, par Jacques Macpherson, Londres, 1773, in-4o, troisième édition.) Le docteur Macpherson était ministre dans l’île de Sky ; et c’est une circonstance honorable pour notre siècle, qu’un ouvrage plein de saine critique et d’érudition ait été composé dans la plus éloignée des îles solitaires des Hébrides.