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dres événemens de guerre ou d’alliance. La position des véritables Saxons les encouragea à embrasser les professions périlleuses de pêcheurs et de pirates, et le succès de leurs premières entreprises excita naturellement l’émulation des plus braves de leurs compatriotes, qui se déplaisaient dans la triste solitude des montagnes et des forêts. Chaque marée pouvait descendre sur l’Elbe des flottes de canots remplis d’intrépides guerriers, avides de contempler le vaste océan, et de prendre part aux richesses et aux jouissances d’un monde qui leur était inconnu. Il paraît probable cependant que les nations qui habitaient le long des côtes de la mer Baltique, fournissaient aux Saxons la plus grande partie de leurs auxiliaires. Elles possédaient des armes et des vaisseaux, l’art de la navigation et l’expérience des combats maritimes ; mais la difficulté de passer le Sund, les colonnes d’Hercule du septentrion[1], où la mer est fermée par les glaces durant plusieurs mois de l’année, retenait leur courage et leur activité dans les limites d’un lac très-spacieux. Le bruit des armemens qui étaient sortis avec succès de l’embouchure de l’Elbe, les enhardit bientôt à traverser le petit isthme de

  1. La flotte de Drusus n’avait pu réussir à passer, ou même à approcher le détroit du Sund, appelé, d’après la ressemblance, les colonnes d’Hercule, et cette entreprise navale fut abandonnée sans retour. (Tacit., De moribus German., c. 34.) La connaissance que les Romains acquirent des nations de la mer Baltique (c. 44, 45) fut due aux voyages qu’ils firent par terre pour chercher de l’ambre.