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Honorius, qui accomplissait sa vingt-cinquième année, apprit d’Olympius avec étonnement, qu’avec le nom d’empereur il n’en possédait ni l’autorité ni la considération. Le rusé courtisan alarma adroitement la timidité de son maître par une peinture animée des desseins de Stilichon, qui méditait, disait-il, la mort de son souverain, dans l’espérance de placer le diadème sur la tête de son fils Euchérius. Le nouveau favori engagea l’empereur à prendre le ton de l’indépendance et de la dignité ; et le ministre vit avec surprise la cour et le conseil former en secret des desseins opposés à ses intérêts ou à ses intentions. Au lieu de fixer sa résidence dans le palais de Rome, Honorius déclara qu’il voulait retourner dans l’asile plus sûr de la forteresse de Ravenne. Dès qu’il apprit la mort de son frère Arcadius, il résolut de partir pour Constantinople, et d’administrer, en qualité de tuteur, les provinces de Théodose encore dans l’enfance[1]. Des représentations sur les dépenses et sur la difficulté de cette expédition lointaine réprimèrent cette étrange saillie d’activité ; mais il demeura inébranlable dans le périlleux projet de se montrer aux troupes du camp de Pavie, entièrement composées de légions romaines, ennemies de Stilichon et de ses auxiliaires barbares. L’habile et péné-

  1. Zosime, l. V, p. 338, 339 ; Sozomène, l. IX, c. 4. Stilichon, pour détourner Honorius de cette vaine entreprise, offrit de faire lui-même le voyage de Constantinople. L’empire d’Orient n’aurait point obéi, et il n’était pas en état d’en faire la conquête.