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Intrigues du palais. A. D. 408.

Mais le règne de Stilichon tirait à sa fin, et l’orgueilleux ministre pouvait apercevoir les premiers symptômes de sa disgrâce prochaine. On avait applaudi à la résistance courageuse de Lampadius ; et le sénat qui s’était depuis long-temps résigné si patiemment à la servitude, rejetait avec dédain l’offre d’une liberté honteuse et imaginaire. Les troupes qui, sous le nom de légions romaines, en possédaient encore les priviléges, voyaient avec colère la prédilection de Stilichon pour les Barbares ; et le peuple dégénéré imputait à la pernicieuse politique du ministre, des malheurs, suite naturelle de sa propre lâcheté. Cependant Stilichon aurait pu braver encore les clameurs du peuple, et même des soldats, s’il eût pu conserver son empire sur l’esprit de son faible pupille ; mais le respectueux attachement d’Honorius s’était changé en crainte, en soupçons et en haine. Le perfide Olympius[1], qui cachait ses vices sous le masque de la piété chrétienne, avait sourdement déchiré le bienfaiteur dont il tenait la place honorable qu’il occupait dans le palais impérial. L’indolent

  1. Il venait de la côte de l’Euxin, et exerçait un emploi distingué, λαμπρας δε σ‌τρατειας εν τοις βασιλειοις αξιο‌υμενος. Ses actions justifient le caractère que prend plaisir à lui attribuer Zosime (l. v., 340). Saint Augustin révérait la piété d’Olympius, qu’il appelle un vrai fils de l’Église. (Baron., Annal. ecclés., A. D. 408, no 19, etc. ; Tillemont, Mém. ecclés., t. XIII, p. 467, 468.) Mais les louanges que le saint d’Afrique prostitue si mal à propos, venaient peut-être autant de son ignorance que de son adulation.