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côtes appartenait aux Romains[1]. Cette scène de paix et d’abondance se changea tout à coup en un désert, et l’affreux aspect des ruines fumantes distinguait seul les pays désolés par les hommes, de ceux que la nature avait rendus solitaires. La florissante ville de Mayence fut surprise et détruite, et des milliers de chrétiens furent inhumainement égorgés dans l’église. Worms succomba après un siége long et opiniâtre ; Strasbourg, Spire, Reims, Tournai, Arras, Amiens, subirent, en gémissant, le joug des cruels Germains ; et le feu dévorant de la guerre s’étendit des bords du Rhin dans la plus grande partie de dix-sept provinces de la Gaule. Les Barbares se répandirent dans cette vaste et opulente contrée jusqu’à l’Océan, aux Alpes et aux Pyrénées, chassant devant eux la multitude confuse des évêques, des sénateurs, des femmes, des filles, tous chargés des dépouilles de leurs maisons et de leurs autels[2]. Les ecclésiastiques qui nous ont laissé la

    d’Albis ; et appuie sur les dangers que les troupeaux de la Gaule auraient couru en paissant au-delà de l’Elbe. La remarque est passablement ridicule. En style poétique, l’Elbe ou la forêt Hercynienne signifient tous les bois ou rivières de la Germanie. Claudien n’est pas de force à supporter le rigoureux examen de nos antiquaires.

  1. … Geminasque viator
    Cùm videat ripas, quæ sic romana requirat.

  2. Saint Jérôme, t. I, p. 93. Voyez le premier volume des historiens de France, p. 777-782. ; les extraits exacts du poëme De Providentiâ divinâ ; et Salvien. Le poète anonyme était lui-même captif avec son évêque et ses concitoyens.