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Florence. Tel fut effectivement le sort de Radagaise, de ses braves et fidèles compagnons, et de plus d’un tiers de la multitude de Suèves, d’Alains, de Vandales et de Bourguignons qui suivaient les drapeaux de ce général[1]. La réunion d’une pareille armée pourrait nous surprendre ; mais les causes qui la séparèrent sont claires et frappantes. On les trouve dans l’orgueil de la naissance, la fierté de la valeur, la jalousie du commandement, l’impatience de la subordination et le conflit opiniâtre des opinions, des intérêts et des passions, parmi tant de princes et de guerriers aussi peu disposés à céder qu’à obéir. Après la défaite de Radagaise, les deux tiers des Germains, qui devaient composer plus de cent mille combattans, étaient encore sous les armes entre les Alpes et l’Apennin, ou entre les Alpes et le Danube. On ne sait point s’ils cherchèrent à venger la mort de leur général ; mais la prudence et la fermeté de Stilichon, en arrêtant leur marche et favorisant leur retraite, détourna sur un autre point leur impétuosité désordonnée. Principalement occupé de sauver Rome et l’Italie, Stilichon sacrifiait avec trop d’indifférence les richesses et la tranquillité des provinces éloignées[2]. Les Barbares acquirent de quel-

  1. Un passage lumineux des Chroniques de Prosper, « In tres partes, per diversos principes, divisus exercitus, » réduit un peu le miracle, et lie ensemble l’histoire de l’Italie, de la Gaule et de la Germanie.
  2. Orose et saint Jérôme l’accusent d’avoir suscité l’invasion, « Excitatæ à Stilichone gentes, etc. » Leur intention