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de Rome et du christianisme ; et le court délai de son exécution suffit pour inculper le général victorieux du reproche de cruauté réfléchie[1]. Ceux des Germains affamés qui échappèrent à la fureur des auxiliaires, furent vendus comme esclaves, au vil prix d’une pièce d’or par tête ; mais la différence de climat et de nourriture fit périr le plus grand nombre de ces malheureux étrangers ; et, comme on l’a observé alors, les inhumains qui les avaient achetés, au lieu de profiter du fruit de leurs travaux, eurent bientôt à payer les frais de leurs funérailles. Stilichon informa l’empereur et le sénat de ses nouveaux succès, et mérita une seconde fois le titre glorieux de libérateur de l’Italie[2].

Le reste des Germains envahit la Gaule. A. D. 406, 31 décembre.

Le bruit de cette victoire, et surtout du miracle auquel on l’attribue, a donné lieu à cette opinion sans fondement, que l’armée entière, ou plutôt toute la nation des Germains, descendue des côtes de la mer Baltique, avait été anéantie sous les murs de

  1. Orose, dévotement barbare, sacrifie le roi et le peuple, Agag et les Amalécites, sans le moindre mouvement de compassion. Le sanguinaire auteur du crime me paraît moins odieux que l’écrivain qui l’approuve dans le calme de la réflexion.
  2. Et la muse de Claudien, qu’était-elle devenue ? dormait-elle ou avait-elle été mal récompensée ? Il me semble que le septième consulat d’Honorius (A. D. 407) aurait pu fournir le sujet d’un beau poème. Avant qu’on eût découvert qu’il n’était plus possible de sauver l’état, Stilichon, après Romulus, Camille et Marius, aurait pu être justement surnommé le quatrième fondateur de Rome.