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cendres et à sacrifier les plus illustres sénateurs sur l’autel de ses dieux, que le sang humain pouvait seul apaiser. Le danger pressant qui aurait dû éteindre toutes les animosités intestines, développa au contraire l’incurable folie des factions religieuses. Les adorateurs de Jupiter et de Mars, opprimés par leurs concitoyens, respectaient dans l’implacable ennemi de Rome, le caractère d’un païen zélé ; ils déclaraient hautement que les sacrifices de Radagaise leur paraissaient beaucoup plus à craindre que ses armes, et ils se réjouissaient secrètement d’une calamité qui devait convaincre de fausseté la religion des chrétiens[1].

Son armée est vaincue et détruite par Stilichon. A. D. 406.

Florence fut réduite à la dernière extrémité, et le courage épuisé de ses citoyens n’était plus soutenu que par l’autorité de saint Ambroise, qui était apparu en songe pour leur annoncer une prompte délivrance[2]. Peu de jours après, ils aperçurent, du haut de leurs murs, les étendards de Stilichon, qui avançait à la tête de toutes ses forces réunies, au

  1. Cependant le Jupiter de Radagaise, qui adorait Thor et Wodin, était fort différent des Jupiter Olympique ou Capitolin. Le caractère conciliant du polythéisme pouvait s’accommoder de toutes ces divinités différentes ; mais les véritables Romains abhorraient les sacrifices humains de la Gaule et de la Germanie.
  2. Paulin (in Vitâ Ambrosii, c. 50) raconte cette histoire, qu’il tient de Pansophia, pieuse matrone de Florence. Cependant l’archevêque cessa bientôt de se mêler des affaires de ce monde, et ne devint jamais un saint populaire.