Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/469

Cette page a été validée par deux contributeurs.

brillant et varié, et se terminait par une danse militaire, qui, d’après la description de Claudien, paraît ressembler aux tournois modernes.

Les gladiateurs abolis.

Dans ces jeux célébrés par Honorius, le sang des gladiateurs souilla pour la dernière fois l’amphithéâtre de Rome[1]. Le premier des empereurs chrétiens avait eu la gloire de publier le premier édit qui condamna ces jeux où l’on avait fait un art et un amusement de l’effusion du sang humain[2] ; mais cette loi bienfaisante, en annonçant les vœux du prince, ne réforma pas un si antique abus qui dégradait une nation civilisée au-dessous d’une horde de cannibales. Plusieurs centaines, peut-être des milliers de victimes périssaient tous les ans dans les grandes villes, et le mois de décembre, plus particulièrement consacré aux combats des gladiateurs, offrait régulièrement aux yeux des Romains enchantés ces barbares et sanglans spectacles. Tandis que la victoire de Pollentia excitait les transports de la joie publique, un poète chrétien exhorta l’empereur à détruire de son autorité un usage barbare qui s’était perpétué malgré les cris de la religion et de l’humanité[3]. Les repré-

  1. Sur l’horrible mais curieux sujet des gladiateurs, consultez les deux livres des Saturnales de Lipse, qui, en qualité d’antiquaire, est disposé à excuser les usages de l’antiquité, t. III, p. 483-545.
  2. Codex Theodos., l. XV, tit. 12, leg. I. Le Commentaire de Godefroy offre une grande abondance de matériaux (t. V, p. 396) pour l’histoire des Gladiateurs.
  3. Voyez la Péroraison de Prudence (in Symmach., l. II,