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the et d’Argos ; et l’épouse d’Alaric, qui attendait impatiemment les bijoux précieux et les esclaves patriciennes que lui avait promis son mari[1], réduite en captivité, se vit forcée d’implorer la clémence d’un insolent vainqueur. Des milliers de prisonniers échappés des chaînes des Barbares, allèrent porter dans toutes les villes de l’Italie les louanges de leur libérateur. Le poète Claudien, qui n’était peut-être que l’écho du public, compara le triomphe de Stilichon[2] à celui de Marius qui, dans le même canton de l’Italie, avait attaqué et détruit une armée des Barbares du Nord. La postérité pouvait aisément confondre les ossemens gigantesques et les casques vides des Goths avec ceux des Cimbres, et élever sur la même place un trophée commun aux deux illustres vainqueurs des deux plus formidables ennemis de Rome[3].

  1. Demens Ausonidum gemmata monilia matrum,
    Romanasque altâ famulas cervice petebat.

        De bell. get. 627.

  2. Claudien (De bell. getic., 580-647) et Prudence (in Symmach., l. II, 694-719) célèbrent sans ambiguïté la victoire des Romains à Pollentia. Ils sont poètes et parties ; cependant les témoins les plus suspects méritent quelque confiance quand ils sont retenus par la notoriété récente des faits.
  3. La péroraison de Claudien est énergique et élégante ; mais il faut entendre l’identité du champ de bataille des Cimbres et celui des Goths (de même que le Philippi de Virgile, Georgic. I, 490), selon la géographie vague et peu certaine des poètes. Verceil et Pollentia sont à soixante mille