Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/460

Cette page a été validée par deux contributeurs.

passa l’Adda à la nage, pour économiser le temps qu’il aurait perdu à l’attaque du pont. Le passage du présentait moins de difficultés et de danger ; et l’heureuse audace avec laquelle il se fit route à travers le camp des ennemis pour s’introduire dans Asti, ranimèrent l’espoir et rétablirent l’honneur des Romains. Au moment de saisir le fruit de ses victoires, le général des Barbares se vit peu à peu investi de tous côtés par les troupes de l’Occident qui débouchaient successivement par tous les passages des Alpes. Ses quartiers furent resserrés et ses convois enlevés, et les Romains commencèrent avec activité à former une ligne de fortifications dans lesquelles l’assiégeant se trouvait lui-même assiégé. On assembla un conseil militaire composé des chefs à la longue chevelure, des vieux guerriers enveloppés de fourrures, et dont l’aspect était rendu plus imposant par d’honorables cicatrices ; après avoir pesé la gloire de persister dans leur entreprise et l’avantage de mettre leurs dépouilles en sûreté, tous opinèrent prudemment de se retirer tandis qu’il en était encore temps. Dans cet important débat, Alaric déploya le courage et le génie du conquérant de Rome. Après avoir rappelé à ses compagnons leurs exploits et leurs desseins, il termina son discours énergique par une protestation solennelle et positive de trouver en Italie un trône ou un tombeau[1].

  1. Hanc ego vel victor regno, vel morte tenebo
    Victus, humum.

    Les harangues (De bell. get., 479-549) du Nestor et de