Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/446

Cette page a été validée par deux contributeurs.

camp des Barbares, détourna le cours de la rivière[1] ; tandis qu’ils souffraient les maux insupportables de la soif et de la faim, le général romain, pour prévenir leur fuite, fit entourer leur camp d’une forte ligne de circonvallation ; mais, comptant trop sur la victoire, après avoir pris ses précautions, il alla se délasser de ses fatigues en assistant aux jeux des théâtres grecs et à leurs danses lascives : ses soldats quittèrent leurs drapeaux, se répandirent dans le pays de leurs alliés et les dépouillèrent de ce qui avait échappé à l’avidité des Barbares. Il paraît qu’Alaric saisit ce moment favorable pour exécuter une de ces entreprises hardies, où le véritable génie d’un général se déploie avec plus d’avantage que dans le tumulte d’un jour de bataille. Pour se tirer de sa prison du Péloponnèse, il fallait passer à travers les retranchemens dont son

    armes. Cette sécurité enrichit les Éléens, qui s’adonnaient à l’agriculture. Les richesses amenèrent l’orgueil ; ils dédaignèrent leurs priviléges et en furent punis. Polybe leur conseille de retourner dans leur cercle magique. Voyez un discours savant et judicieux que M. West a mis en tête de sa traduction de Pindare.

  1. Claudien (in IV cons. Honor., 480) fait allusion à ce fait sans nommer l’Alphée. (I cons. Stilich., l. I, 185.)

    … Et Alpheus geticis augustus acervis
    Tardior ad siculos etiamnum pergit amores.

    Je supposerais cependant plutôt le Pénée, dont le cours faible roule dans un lit vaste et profond à travers l’Élide, et se jette dans la mer au-dessous de Cyllène. Il avait été joint à l’Alphée pour nettoyer les étables d’Augias. (Cellarius, t. I, p. 760 ; Voyages de Chandler, p. 286.)