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quelques endroits à une route étroite où il ne pouvait passer qu’une seule voiture[1]. Un général habile aurait facilement arrêté et peut-être détruit l’armée des Goths dans cette gorge des Thermopyles, où Léonidas et ses trois cents Spartiates avaient glorieusement dévoué leur vie ; et peut-être la vue de ce passage aurait-elle ranimé quelques étincelles d’ardeur militaire dans le cœur des Grecs dégénérés. Les troupes qui occupaient le détroit des Thermopyles se retirèrent, conformément à l’ordre qu’on leur avait donné, sans entreprendre d’arrêter Alaric ou de retarder son passage[2]. Les plaines fertiles de la Phocide et de la Béotie furent bientôt couvertes d’une multitude de Barbares qui massacraient tous les hommes d’âge à porter les armes, et entraînaient avec eux les femmes, les troupeaux et le butin enlevé aux villages qu’ils incendiaient. Les voyageurs qui visitèrent la Grèce plusieurs années après, distinguèrent encore les traces durables et sanglantes de la marche des Goths ; et la ville de Thèbes dut moins sa conservation à ses sept portes qu’à l’empressement qu’Alaric avait de s’emparer d’Athènes

  1. Comparez Hérodote (VII, c. 176) et Tite-Live (XXXVI, 15). Ce passage étroit, qui défendait la Grèce, a probablement été élargi successivement par chacun des conquérans qui l’ont envahi.
  2. Il passa, dit Eunape (in Vit. Philosoph., p. 93, édit. Commelin, 1596), à travers le détroit des Thermopyles ; Δια των πυλων παρηλθεν ωσπερ δια σ‌ταδιο‌υ και ιπποκροτο‌υ πεδιο‌υ τρεχων.