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sur différens tons, le bonheur des époux couronnés, et la gloire d’un héros auteur de leur union et soutien de leur trône. Les fables de l’ancienne Grèce, qui avaient presque entièrement cessé d’être les objets d’une croyance religieuse, furent sauvées de l’oubli par le génie de la poésie ; et dans le tableau du Verger de Cypris, siége de l’Amour et de l’Harmonie, dans la marche de Vénus sur les ondes, où elle a pris naissance, et dans la douceur de l’influence qu’elle vient répandre sur la cour de Milan, tous les siècles reconnaîtront les sentimens naturels du cœur, le langage plein de justesse et de grâces que leur prête la fiction allégorique. Mais l’impatience amoureuse que Claudien suppose au jeune monarque[1] excitait probablement le sourire des courtisans ; et la beauté de son épouse (en admettant qu’elle fût belle) n’avait pas beaucoup à craindre ou à espérer de la passion d’Honorius, qui n’était

    soin un épithalame sérieux de trois cent quarante vers, outre quelques vers fescennins fort gais, qui furent chantés sur un ton plus libre la première nuit du mariage.

  1. … Calet obvius ire
    Jam princeps, tardumque cupit discedere solem.
    Nobilis haud aliter
    sonipes.

    De Nuptiis Honor. et Mariæ, 287, et plus librement dans les vers fescennins (112-126).

    Dices, ô quoties ! hoc mihi dulcius
    Quàm flavos
    decies vincere Sarmatas.

    Tum victor madido prosilias toro
    Nocturni referens vulnera prœlii.