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succession consistait dans les légions, les cohortes et les escadrons nombreux de Romains et de Barbares que les succès de la guerre civile avaient réunis sous les étendards de Théodose. Les animosités récentes qui enflammaient les uns contre les autres les nombreux soldats tirés de l’Europe et de l’Asie, se turent devant l’autorité d’un seul homme, et la sévère discipline de Stilichon mit les citoyens et leurs possessions à l’abri de la licence et de l’avidité des soldats[1]. Impatient toutefois de débarrasser l’Italie de cette armée formidable qui ne pouvait être utile que sur les frontières de l’empire, il parut se rendre à la juste demande du ministre d’Arcadius, déclara son intention de reconduire en personne les troupes de l’Orient, et profita habilement des rumeurs d’une incursion des Goths, pour couvrir ses desseins et faciliter sa vengeance personnelle[2]. Le coupable Rufin apprit avec frayeur l’approche d’un guerrier,

    casques, cuirasses, épées, baudriers, etc., étaient tous enrichis de perles, de diamans et d’émeraudes.

  1. … Tantoque remoto
    Principe, mutatas orbis non sensit habenas.

    Ce bel éloge (I cons. Stilich., I, 149) peut être justifié par les craintes de l’empereur mourant (De bell. Gildon., 292-301), et par la paix et le bon ordre qui régnèrent après sa mort (I cons. Stilich., I, 150-168).

  2. La marche de Stilichon et la mort de Rufin sont décrites par Claudien (in Rufin., l. II, 101-453) ; Zosime (l. V, p. 296, 297) ; Sozomène (l. VIII, c. 1) ; Philostorg. (l. XI, c. 3), et Godefroy (p. 441) ; et la Chronique de Marcellin.