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lante Sérène n’avait protégé son mari contre ses ennemis personnels, tandis qu’il repoussait ceux de l’empire[1]. Théodose ne voulut point abandonner un indigne ministre à l’activité duquel il confiait le gouvernement de son palais et de tout l’Orient ; mais quand il marcha contre Eugène, le sage empereur associa son fidèle général aux travaux glorieux de la guerre civile ; et dans les derniers instans de sa vie, le monarque expirant lui recommanda le soin de ses deux fils et la défense de l’empire[2]. Cette fonction importante n’était point au-dessus des talens ni de l’ambition de Stilichon, et il réclama la régence des deux empires durant la minorité d’Arcadius et d’Honorius[3]. La première démarche de son admi-

  1. Comparez le poëme sur le premier consulat (I, 95-115) avec la Laus Serenæ (227-237) (où ce morceau est malheureusement interrompu) : on y aperçoit aisément la haine invétérée de Rufin.
  2. … Qiem fratribus ipse
    Discedens, clypeumque defensoremque dedisti.

    Cependant la nomination (IV cons. Honor., 432) ne fut point publique, et peut en conséquence paraître douteuse (III cons. Honor., 142), cunctos discedere… jubet. Zosime et Suidas donnent également à Stilichon et à Rufin le titre de Επιτροποι, tuteurs ou procurateurs.

  3. La loi romaine distingue deux minorités : l’une cesse à l’âge de quatorze ans, et l’autre à vingt-cinq. La première était sujette à obéir personnellement à un tuteur ou gardien de la personne ; l’autre n’avait qu’un curateur ou sauve-garde de la fortune (Heinec., Antiq. rom. ad. jurisp pertin., l. I, tit. 22, 23, p. 218-232) ; mais ces idées légales ne fu-