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engagé Théodose à adopter la fille de son frère Honorius. Une cour adoratrice admirait à l’envi les talens et la beauté de Sérène[1], et Stilichon obtint la préférence sur une foule de rivaux qui se disputaient ambitieusement la main de la princesse et la faveur de son père adoptif[2]. Convaincu que le mari de Sérène demeurerait fidèle aux souverains qui l’avaient rapproché d’eux, Théodose se plut à élever la fortune et à exercer les talens du sage et intrépide Stilichon. [Commandement militaire de Stilichon. A. D. 385-408]Il passa successivement du grade de maître de la cavalerie et de comte des domestiques, au rang distingué de maître général de toute la cavalerie et infanterie de l’Empire romain, ou du moins de l’empire d’Occident[3], et ses ennemis avouaient qu’il ne s’était jamais abaissé à vendre à la richesse les récompenses dues au mérite, et à frustrer les

  1. Claudien a fait, dans un poëme incomplet, un portrait brillant, et peut-être flatté, de la princesse Sérène. Cette nièce favorite de Théodose était née, ainsi que sa sœur Thermantia, en Espagne, d’où elles furent conduites honorablement, dès leur tendre jeunesse, dans le palais de Constantinople.
  2. On ne peut pas bien décider si cette adoption fut faite légalement, ou si elle n’est que métaphorique. (Voyez Ducange, Fam. byzant., p. 75). Une ancienne inscription donne à Stilichon le titre singulier de pro-gener divi Theodosii.
  3. Claudien (Laus Serenæ, 190-193) exprime en langage poétique le dilectus equorum et le gemino mox idem culmine duxit agmina. L’inscription ajoute : Comte des domestiques, poste important, qu’au faîte de la grandeur la prudence aurait dû peut-être engager Stilichon à conserver.