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chon, le général ou plutôt le maître de l’empire d’Occident[1].

Caractère de Stilichon, ministre et général de l’empire d’Occident.

Stilichon a joui, à un plus haut degré que ne semble promettre le déclin des arts et du génie, du don divin qu’Achille a obtenu et qu’enviait Alexandre, d’un poète digne de célébrer les actions des héros. La muse de Claudien[2], dévouée à son service, était toujours prête à couvrir de ridicule et d’infamie Eutrope et Rufin, ses rivaux, ou à peindre, sous les couleurs les plus brillantes, les victoires et les vertus de son puissant bienfaiteur. Dans l’examen d’une période assez mal fournie de matériaux authentiques, nous sommes forcés d’éclaircir les annales d’Honorius par les satires ou par les panégyriques d’un auteur contemporain ; mais comme Claudien paraît avoir usé amplement des priviléges de poète et de courtisan, nous aurons besoin des lumières de la critique pour réduire le langage de la fiction ou de l’exagération à la simple vérité qu’exige un récit historique. Son silence sur la famille de Stilichon peut être regardé comme une preuve que son protecteur ne pouvait ni désirait s’honorer d’une longue suite d’illustres aïeux, et la légère mention qu’il fait de son

  1. Zosime (l. V, p. 290), Orose (l. VII, c. 37) et la Chronique de Marcellin. Claudien (in Rufin., II, 7-100) peint très-énergiquement la détresse et les crimes du préfet.
  2. Stilichon sert toujours ou directement ou indirectement de texte à Claudien. On trouve dans le poème de son premier consulat l’histoire de sa jeunesse et de sa vie privée, assez vaguement racontée, 35-140.