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sans délai dans un poste militaire sur le Danube. La mort de ce général, quoique tué dans une escarmouche contre les Barbares, a été imputée à la perfidie de Rufin[1]. Le sacrifice d’un héros satisfit sa vengeance, et les honneurs du consulat augmentèrent encore sa vanité ; mais sa puissance lui paraissait imparfaite et précaire, tant que Tatien[2] et son fils Proculus occupaient les préfectures importantes de l’Orient et de Constantinople, et balançaient par leur autorité réunie les prétentions et la faveur du maître des offices. Les deux préfets furent accusés de fraude et de concussion dans l’administration des lois et des finances ; l’empereur pensa que des coupables si importans devaient être jugés par une commission particulière. On nomma plusieurs juges, afin de partager entre eux le crime et le reproche de l’injustice ; mais le droit de prononcer la sentence fut réservé au président, et ce président était Rufin lui-même. Le père dépouillé de sa préfecture, fut jeté dans un donjon ; le fils prit la fuite, convaincu

  1. Zosime, l. IV, p. 272, 273.
  2. Zosime, qui raconte la chute de Tatien et de son fils (l. IV, p. 273, 274), assure leur innocence, et même son témoignage suffit pour l’emporter sur les accusations de leurs ennemis (Cod. Théodos., t. IV, p. 489), qui prétendent que ces deux préfets avaient opprimé les curies. La liaison de Tatien avec les ariens dans sa préfecture d’Égypte (A. D. 373) dispose Tillemont à le croire coupable de tous les crimes. (Hist. des empereurs, t. V, p. 360 ; Mém. eccl., t. VI, p. 589.)