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les dépouilles des provinces ; les corps de saint André, de saint Luc et de saint Timothée avaient reposé près de trois cents ans dans des tombeaux obscurs, d’où on les transporta en pompe à l’église des Saints-Apôtres, fondée par Constantin sur les bords du Bosphore de Thrace[1]. Environ cinquante ans après, ces mêmes rivages furent honorés de la présence de Samuel, juge et prophète d’Israël. Les évêques se passèrent de mains en mains ses cendres déposées dans un vase d’or et couvertes d’un voile de soie. Le peuple reçut les reliques de Samuel avec autant de joie et de respect qu’il aurait pu en montrer au prophète vivant : la foule des spectateurs formait une procession continuelle depuis la Palestine jusqu’aux portes de Constantinople ; l’empereur Arcadius, suivi des plus illustres membres du clergé et du sénat, vint à la rencontre de cet hôte extraordinaire, qui toujours avait mérité et exigé l’hommage des souverains[2]. L’exemple de Rome et de Constantinople

  1. Saint Jérôme (t. II, p. 122) atteste ces translations négligées par les écrivains ecclésiastiques. On trouve la Passion de saint André à Patræ, détaillée dans une épître du clergé de l’Achaïe, que Baronius voudrait admettre (Annal. eccles. A. D. 60, no 34), et que Tillemont se trouve forcé de rejeter. Saint André fut adopté comme le fondateur spirituel de Constantinople. (Mém. ecclés. t. I, p. 317-323, 588-594).
  2. Saint Jérôme (t. II, p. 122) décrit pompeusement la translation de Samuel, qui se trouve citée dans toutes les chroniques de ce temps.