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une révolte contre l’ancienne religion et le culte héréditaire de l’empire. L’union inséparable de l’Église catholique et la rapidité de ses conquêtes appuyaient en quelque sorte les injustes soupçons qui la représentaient comme une faction dangereuse et criminelle : mais les empereurs chrétiens qui violèrent les lois de l’Évangile et de l’humanité, ne pouvaient alléguer ni l’excuse de la crainte ni celle de l’ignorance. La faiblesse et la folie du paganisme étaient prouvées par l’expérience de plusieurs siècles ; les lumières de la raison et de la foi avaient déjà démontré à la plus grande partie du genre humain l’impuissance et le ridicule des idoles et on pouvait accorder sans inquiétude aux restes de cette secte expirante la permission de suivre en paix et dans l’obscurité les coutumes religieuses de leurs ancêtres. Si les païens eussent été animés par le zèle indomptable qui exaltait les premiers fidèles, leur sang aurait inévitablement souillé le triomphe de l’Église, et les martyrs de Jupiter et d’Apollon auraient embrassé avec ardeur l’honorable occasion de sacrifier au pied de leurs autels leur fortune et leur vie. L’apathie indolente du polythéisme n’admettait pas un zèle si obstiné ; le défaut de résistance amortit la violence des coups dont les empereurs orthodoxes frappèrent, à plusieurs reprises, le paganisme ; et par la docilité

    tale supplicium est. Epist. 93, no 10, citée par Le Clerc (Bibliothèque choisie, t. VIII, p. 277), qui ajoute quelques remarques judicieuses sur l’intolérance des chrétiens dans leur triomphe.