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ticiperaient aux sacrifices défendus par la loi : mais quoi qu’on pût penser de la vérité des faits ou de la solidité des distinctions alléguées en leur faveur[1], le dernier édit de Théodose anéantit la ressource de ces vains subterfuges et porta un coup mortel aux superstitions du paganisme. Cette loi prohibitive s’exprime dans les termes les plus clairs et les plus absolus[2]. « C’est notre plaisir et notre volonté, dit l’empereur[3], de défendre à tous nos sujets, soit magistrats ou citoyens, depuis la première classe jusqu’à la dernière inclusivement, d’immoler désormais, soit dans une ville, soit dans tout autre endroit, aucune victime innocente en l’honneur d’une idole inanimée. » L’acte du sacrifice et la pratique de la divination par les entrailles des victimes, sont déclarés, quel qu’en soit le motif, des crimes de haute trahison contre l’état, qui ne peuvent s’expier que par la mort du coupable. On abolit celles des céré-

  1. Libanius (pro Templis, p. 15, 16, 17) plaide leur cause avec douceur et d’une manière séduisante. De temps immémorial, des fêtes de ce genre avaient égayé les campagnes, et celles de Bacchus avaient produit le théâtre d’Athènes. (Géorgiq. II, 380.) Voyez Godefroy, ad loc. Liban. et le Cod. de Théod., t. VI, p. 284.
  2. Honorius toléra ces fêtes rustiques (A. D. 399) Absque ullo sacrificio, atque ultâ superstitione damnabili. Mais neuf ans après, il crut devoir réitérer et mettre en vigueur cette même défense. (Cod. Theod., l. XVI, tit. 10, leg. 17, 19.)
  3. Cod. Theod., l. XVI, tit. 10, leg. 12. Jortin (Remarq. sur l’Hist. ecclés., vol. IV, p. 134) blâme avec une juste sévérité la teneur et le style de cette loi tyrannique.