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mécontent se flatta d’être vengé par un déluge, jusqu’au moment où la rivière se réduisit paisiblement au degré ordinaire des seize coudées nécessaires à la fertilité[1].

La religion païenne est défendue. A. D. 390.

Les temples de l’Empire romain étaient déserts ou abattus ; mais l’ingénieuse superstition des païens tâchait d’éluder les lois sévères par lesquelles Théodose avait défendu toutes sortes de sacrifices. Les habitans de la campagne, dont la conduite était moins exposée aux regards de la curiosité malveillante, déguisaient leurs assemblées religieuses sous l’apparence d’assemblées de plaisir. Aux jours de fêtes solennelles, ils se réunissaient en grand nombre sous le feuillage épais des arbres consacrés ; ils tuaient et rôtissaient des bœufs et des brebis ; des hymnes chantés en l’honneur de leurs divinités sanctifiaient cette champêtre réjouissance ; mais comme on ne faisait d’offrande d’aucune partie des animaux, comme il n’y avait ni autel pour recevoir le sang des victimes, ni oblations préliminaires de gâteaux salés, et que la cérémonie finale des libations était soigneusement supprimée, ils se prétendaient à l’abri de tout reproche et des peines portées contre ceux qui par-

  1. Sozomène, l. VII, c. 20. J’ai ajouté à la mesure. La même évaluation de l’inondation, et conséquemment la même coudée a subsisté invariablement depuis le temps d’Hérodote. Voyez Fréret, Mém. de l’Acad. des inscript., t. XVI, p. 344-353 ; les Mélanges de Greaves, vol. I, p. 233. La coudée d’Égypte contient environ vingt-deux pouces, mesure anglaise.