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servation, Symmaque le fait parler ainsi devant le tribunal des empereurs : « Très-excellens princes, dit la matrone vénérable, pères de la patrie, ayez de la compassion et du respect pour cet âge où je suis parvenue sans que ma piété ait souffert aucun refroidissement. Puisque je n’ai pas lieu de m’en repentir, laissez-moi continuer des pratiques que je révère ; puisque je suis née libre, laissez-moi jouir de mes institutions domestiques. Ma religion a soumis l’univers à mon empire. Mes pieuses cérémonies ont chassé Annibal de mes portes et les Gaulois du capitole. Ferez-vous à ma vieillesse cette cruelle injure ? Je ne connais point le système que vous me proposez, mais je sais qu’en voulant corriger la vieillesse, on entreprend une tâche ingrate et peu glorieuse[1] ». Les terreurs du peuple suppléèrent à ce que l’orateur avait discrètement supprimé, et les païens imputèrent unanimement à l’établissement de la religion de Constantin tous les maux qui affligeaient ou menaçaient l’empire.

Conversion de Rome. A. D. 388, etc.

La résistance ferme et adroite de l’archevêque de Milan détruisit les espérances de Symmaque et pré-

  1. Voyez la cinquante-quatrième épître du dixième livre de Symmaque. Dans la forme et la disposition de ses dix livres d’épîtres, il imite Pline-le-Jeune, que ses amis lui persuadaient qu’il égalait ou surpassait pour l’élégance et la richesse du style. (Macrob. Saturnal., l. V, c. 1.) Mais le luxe de Symmaque consiste en feuilles stériles sans fruits, et même sans fleurs. On trouve aussi peu de faits que de sentimens à extraire de sa verbeuse correspondance.