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jouir du fruit de la victoire et recevoir le sceptre de l’Occident des mains de son père expirant. On célébra l’arrivée d’Honorius à Milan par une magnifique représentation des jeux du cirque où Théodose, quoique accablé par la maladie, voulut contribuer, par sa présence, à la joie publique ; mais l’effort pénible qu’il fit pour assister aux jeux du matin épuisa le reste de ses forces. Honorius tint sa place pendant le reste de la journée, et l’empereur expira dans la nuit suivante. Les animosités d’une guerre civile récente n’empêchèrent point qu’il ne fût unanimement regretté. Les Barbares qu’il avait vaincus et le clergé dont il subissait respectueusement la loi, lui prodiguèrent à l’envi des louanges et célébrèrent chacun les vertus auxquelles ils donnaient la préférence. Les dangers d’une administration faible et divisée épouvantaient les Romains, et chaque événement fâcheux des règnes malheureux d’Arcadius et d’Honorius leur rappela la perte irréparable du grand Théodose.

Corruption du siècle.

Dans le tableau fidèle des vertus de cet empereur, nous n’avons point dissimulé ses imperfections, son indolence habituelle, et le trait de cruauté qui a imprimé une tache ineffaçable sur la gloire d’un des plus grands d’entre les princes romains. Un historien acharné à déchirer sa mémoire, a exagéré ses vices et leurs suites pernicieuses. Il assure que les sujets de toutes les classes imitèrent les manières efféminées de leur souverain ; qu’ils se livraient à toutes sortes de débauches, et que les lois affaiblies de