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et d’un soldat, erra quelques jours dans les montagnes. Convaincu qu’il n’avait plus de ressource, et que sa fuite était impossible, l’intrépide Barbare imita l’exemple des anciens Romains, et se perça de sa propre épée. Le sort du monde romain se décida dans un coin de l’Italie. Le successeur légitime de la maison de Valentinien embrassa l’archevêque de Milan, et reçut la soumission des provinces de l’Occident : elles étaient toutes complices de la rébellion. L’intrépide Ambroise avait seul résisté aux sollicitations et aux succès de l’usurpateur, et rejeté la correspondance et les dons d’Eugène avec une mâle liberté qui aurait été fatale à tout autre qu’à lui. Il s’était retiré de Milan pour éviter l’odieuse présence du tyran, et il osa même prédire sa chute en termes équivoques. Le vainqueur applaudit au mérite d’Ambroise, qui lui assurait l’attachement du peuple par l’influence de la religion ; et on attribue la clémence de Théodose à l’intercession de l’archevêque[1].

Mort de Théodose. A. D. 395, 17 janvier.

Après la défaite et la mort d’Eugène, tous les habitans du monde romain reconnurent avec joie l’autorité de Théodose. Sa conduite jusqu’à cette époque donnait les espérances les plus flatteuses

  1. Le récit des événemens de la guerre civile a été tiré des écrits de saint Ambroise, t. II, épit. 62, p. 1022 ; Paulin, in vit. Ambros., c. 26-34 ; saint Augustin, De civit. Dei, V, 26 ; Orose, l. VII, c. 35 ; Sozomène, l. VII, c. 24 ; Théodoret, l. V, c. 24 ; Zosime, l. IV, p. 281, 282 ; Claudien, in III consul. Honor. 63-105 ; in IV consul. Honor. 70-117 ; et des Chroniques publiées par Scaliger.