Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sédition et massacre de Thessalonique. A. D. 390.

On attribue la sédition de Thessalonique à une cause plus honteuse, et les suites en furent plus funestes. Cette grande ville, la métropole de toutes les provinces de l’Illyrie, avait été préservée du ravage des Goths par des fortifications redoutables et une garnison nombreuse. Botheric, général de ces troupes, et probablement d’après son nom, barbare lui-même, avait dans le nombre de ses esclaves un jeune garçon dont la beauté excita les désirs impurs d’un des cochers du cirque. Botheric punit par la prison son insolente brutalité, et se refusa sévèrement aux importunes clameurs de la multitude, qui, dans une représentation des jeux publics, se plaignit de l’emprisonnement de son cocher favori, à l’habileté duquel elle attachait infiniment plus d’importance qu’à sa vertu. Quelques anciens sujets de mécontentement avaient déjà excité le ressentiment du peuple, et la garnison, affaiblie par le nombreux détachement employé à la guerre d’Italie et par la désertion, ne put sauver son général de la fureur d’une multitude sans frein ; Botheric et plusieurs de

    quoique d’opinions différentes, ont décrit la sédition d’Antioche dans un style presque dramatique. (Voyez Liban., orat. 14, 15, p. 389-420 ; édit. Morel, orat. I, p. 1-14. Venet., 1754, et les vingt Discours de saint Jean Chrysostôme, De statuis, t. II, p. 1-225, édit. Montfaucon.) Je connais peu les ouvrages de saint Chrysostôme ; mais Tillemont (Hist. des empereurs, t. V, p. 263-283) et Hermant (Vie de saint Chrysostôme, t. I, p. 137-244) avaient lu ses Œuvres avec soin, et avec une pieuse exactitude.