Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

primer à l’avenir toute distribution de grains. Ses délégués procédèrent ensuite aux informations contre les particuliers qui avaient détruit les statues, et contre ceux qui ne s’y étaient point opposés. Hellebicus et Césarius siégeaient au milieu du Forum, sur leur tribunal, environné de soldats ; les citoyens d’Antioche les plus distingués par leur naissance et leurs richesses, y comparurent chargés de chaînes ; on leur fit souffrir la torture, et les deux magistrats prononcèrent ou suspendirent, de leur seule autorité, la sentence des criminels. On mit leurs maisons en vente ; leurs femmes et leurs enfans tombèrent de l’opulence dans l’excès de la misère, et l’on s’attendait à voir terminer, par les plus sanglantes exécutions[1] un jour de calamités que le prédicateur d’Antioche, l’éloquent saint Chrysostôme, a représenté comme un tableau frappant du jugement dernier de l’univers. Mais les ministres de Théodose exécutaient avec répugnance sa cruelle commission. La désolation du peuple leur arracha des larmes, et ils écoutèrent avec respect les sollicitations pressantes des moines et des ermites qui descendaient en foule des montagnes[2]. Hellebicus et Césarius consentirent à suspendre l’exécution de leur sen-

  1. Comme la date des jours où le tumulte eut lieu se rapporte à la fête mobile de Pâques, on ne peut la déterminer sans avoir auparavant fixé l’année. Tillemont (Hist. des empereurs, t. V, p. 741-744) et Montfaucon (Saint Chrysostôme, t. XIII, p. 105-110) ont préféré l’année 387.
  2. Saint Chrysostôme compare leur courage, qui ne les