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domestique, qui habitent rarement dans les palais des rois. Théodose était sobre et chaste ; à table, il jouissait sans excès des plaisirs du repas et de la conversation, et sa passion pour les femmes ne l’emporta jamais à des affections illégitimes. Décoré des titres fastueux de la grandeur impériale, il aimait encore à mériter les tendres noms d’époux fidèle et de père indulgent. Sa tendre estime donna près de lui à son oncle le rang d’un second père. Théodose reçut comme ses propres enfans ceux de son frère et de sa sœur, et ses soins s’étendirent à ses parens les plus éloignés. C’était dans le nombre de ceux qu’il avait vus sans masque avant son élévation, qu’il choisissait ses amis particuliers ; le sentiment d’un mérite supérieur le rendait capable de mépriser les distinctions accidentelles de la pourpre et du diadème, et sa conduite, lorsqu’il fut monté sur le trône, prouva qu’il savait oublier les injures, pour ne se souvenir que des bienfaits. Il avait l’attention obligeante de conformer le ton léger ou sérieux de sa conversation à l’âge, au rang ou au caractère de ceux de ses sujets qu’il admettait dans sa société ; et l’affabilité de ses manières était la peinture naïve de son âme. Théodose respectait la simplicité des hommes bons et vertueux, et l’habileté dans tous les genres : tous les talens, pourvu qu’ils fussent utiles ou seulement innocens, étaient sûrs d’éprouver sa judicieuse libéralité. En exceptant les hérétiques, qu’il persécuta avec une haine implacable, on peut dire que sa bienveillance n’avait de bornes que celles