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blissaient ni l’amour de la gloire, ni l’amour de la guerre, ne regardait sa puissance actuelle que comme l’instrument de sa grandeur future ; et ses premiers succès entraînèrent rapidement sa destruction. Les trésors qu’il arrachait à la Gaule, à l’Espagne et à la Grande-Bretagne opprimées[1], lui servirent à lever et à entretenir une nombreuse armée de Barbares, tirés des plus belliqueuses nations de l’Allemagne, et avec laquelle il se préparait à envahir l’Italie et à dépouiller un prince encore enfant, dont le gouvernement était détesté et méprisé par ses sujets catholiques : mais Maxime ayant à cœur de s’emparer, sans résistance, du passage des Alpes, reçut avec la plus perfide bienveillance Domninus de Syrie, ambassadeur de Valentinien, et pressa celui-ci d’accepter le secours d’un corps considérable de troupes pour le servir dans la guerre de Pannonie. La pénétration de saint Ambroise avait découvert le piége à travers les protestations d’amitié[2] ; mais le syrien Domninus se laissa tromper ou corrompre par les libéralités de la cour de Trèves ; et le conseil de Milan rejeta obstinément le soupçon du danger avec une confiance aveugle, qui était moins l’effet du courage que celui de la

  1. La censure modeste de Sulpice-Sévère (Dialog. III, 15) frappe plus sévèrement que les faibles déclamations de Pacatus (XII, 25, 26).
  2. Esto tutior adversùs hominem, pacis involucro legentem. Tel fut l’avis prudent de saint Ambroise (t. II, p. 891) au retour de sa seconde ambassade.