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tais[1]. Immédiatement sous le pavé de l’église, on trouva deux corps entiers, dont les têtes étaient séparées, et qui versèrent beaucoup de sang[2]. Ces saintes reliques furent présentées en grande pompe à la vénération du peuple, et toutes les circonstances de cette heureuse découverte vinrent à l’appui du projet de saint Ambroise. On supposa que les os des martyrs, leur sang, et même leurs vêtemens, étaient doués d’une vertu salutaire, et qui communiquaient leur influence surnaturelle aux objets les plus éloignés, sans rien perdre de leur efficacité. La cure extraordinaire d’un aveugle[3] et les aveux forcés de plusieurs possédés parurent autant de preuves en faveur de la doctrine

  1. Tillemont, Mém. ecclés., t. II, p. 78-498. Un grand nombre des églises de l’Italie, de la Gaule, etc., furent dédiées à ces martyrs inconnus ; mais saint Gervais semble avoir été plus favorisé que son compagnon.
  2. Invenimus miræ magnitudinis viros duos, ut prisca ætas ferebat (t. II, epist. 22, p. 875). La grandeur de ces corps était heureusement ou adroitement adaptée sur la dégradation physique et graduelle de l’espèce humaine, préjugé que tous les siècles, depuis Homère, ont généralement adopté.

    Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulchris.

  3. Saint Augustin, t. II, epist. 22, p. 875 ; saint Aug., Confess., l. IX, c. 7 ; De civ. Dei, l. XXII, c. 8 ; Paulin, in Vit. sanct. Ambr., c. 14 ; in Appendice Benedict., p. 4. L’aveugle se nommait Sévère : en touchant la sainte robe il fut guéri, et dévoua le reste de sa vie (environ vingt-cinq ans) au service de l’Église. Je recommanderais ce miracle à nos théologiens protestans, s’il ne prouvait pas la sainteté