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de Valentinien prononça contre saint Ambroise une sentence d’exil également honorable et modérée, qui, en lui enjoignant de quitter sans délai la ville de Milan, lui permettait de choisir le lieu de sa retraite, et de régler le nombre de ses compagnons ; mais le danger de l’Église fit oublier au prélat les maximes des saints qui ont prêché et pratiqué l’obéissance passive au souverain ; il refusa hardiment d’obéir, et son peuple fidèle applaudit unanimement à son refus[1]. Les citoyens gardèrent tour à tour leur archevêque ; ils barricadèrent fortement les portes de la cathédrale et du palais épiscopal ; et les troupes impériales, qui bloquaient cette forteresse imprenable, n’osèrent en risquer l’attaque. La multitude de pauvres que faisait subsister la libéralité de saint Ambroise, saisit avec ardeur une si belle occasion de signaler son zèle et sa reconnaissance ; et pour que la patience de ses partisans ne s’épuisât pas par la longueur et la monotonie des vigiles, il introduisit dans l’Église de Milan l’usage de psalmodier régulièrement et à haute voix. Tandis que l’archevêque soutenait ce dangereux combat, un songe l’avertit de faire creuser la terre dans l’endroit où l’on avait enterré depuis plus de trois siècles les restes des deux martyrs saint Gervais et saint Pro-

  1. Excubabat pia plebs in ecclesiâ mori parata cum episcopo suo… Nos adhuc frigidi excitabamur tamen civitate attonitâ atque turbatâ. (Saint Augustin, Confession., l. IX, c. 7)